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Volkswagen veut changer sa culture de management
Article paru Le 11/12/2015 dans LES ECHOS – JEAN-PHILIPPE LACOUR
Pour le patron du groupe, le scandale doit être un « catalyseur » de changement.L’enquête interne se focalise sur quelques individus.
Calme, parfois jovial, souvent déterminé : Matthias Müller, le nouveau patron du groupe Volkswagen, a saisi l’occasion, jeudi, d’une première rencontre de grande envergure avec la presse pour réitérer son plaidoyer pour une culture de management ouverte et décentralisée. Cette réorientation « était tôt ou tard nécessaire chez VW », a martelé l’ex-patron de Porsche. Et cette crise aux conséquences financières encore imprévisibles doit servir de « catalyseur pour le changement dont Volkswagen a besoin ».
Dans un climat moins tendu, les performances pourraient repartir de l’avant, croit Matthias Müller : « la situation a beau être sérieuse, elle ne mettra pas l’entreprise à terre ».
L’enquête sur la recherche des personnes à l’origine de la fraude a permis pour l’heure de mettre au jour un « enchaînement d’erreurs » qui n’« a été brisé à aucun moment », a expliqué Hans-Dieter Pötsch, président du conseil de surveillance. Le scandale vise le trucage d’un moteur Diesel retrouvé sur 11 millions de véhicules du groupe. L’enquête en cours a beau avoir mis la main sur une masse de données équivalant à « 50 millions de livres », on en reste à ce stade à « un petit nombre de salariés » soupçonnés d’avoir participé à la manipulation, affirme-t-il, sans pour autant dissiper toutes les zones d’ombre. Rien n’a filtré sur leur identité. Des hauts dirigeants d’hier ou d’aujourd’hui ne seraient pas dans le viseur.
Anomalies
Fin septembre, Martin Winterkorn avait dû lâcher la présidence de VW, endossant la responsabilité politique du scandale. Bien avant sa présidence démarrée en 2007, Volkswagen avait défini d’ambitieux objectifs pour sa flotte de véhicules diesels en vue de conquérir le marché américain. Comme aucune solution économique ou réalisable dans les délais n’était trouvée afin de répondre aux exigences locales sur les rejets de monoxyde d’azote, la décision d’installer un logiciel truqueur améliorant la performance environnementale lors de phases de tests a été prise en dehors de tout contrôle. « Cela semble presque banal et c’est pourquoi cela nous fait tant de mal aujourd’hui », a déploré Hans-Dieter Pötsch, le patron du conseil de surveillance et ancien directeur financier du groupe.
L’enquête a révélé des anomalies dans les procédés internes et structures du groupe. Mais « il n’est pas encore certain que ceux qui ont agi depuis 2005 jusqu’à maintenant étaient totalement conscients des risques qu’ils prenaient ni des dommages qu’ils pouvaient créer pour l’entreprise », s’est évertué à expliquer le président du conseil.
Cela expliquerait pourquoi aucun signalement suspect visant la fraude sur le diesel n’est parvenu, selon nos informations, aux organes de contrôle interne de VW, ni aux deux avocats extérieurs servant de réceptacle aux « donneurs d’alerte ». Une nouvelle dirigeante venue de Daimler devra renforcer le « respect de la conformité » chez VW, assure le groupe. Le constructeur n’a en revanche plus besoin, selon Matthias Müller, de ces « béni-oui-oui » agissant sans réfléchir. A la place, le groupe doit avoir des « managers et techniciens qui défendent leurs projets avec de bons arguments », et se doter d’une culture « où les erreurs sont possibles ». Tout le contraire du management autoritaire qui s’est pratiqué, ces dernières années, chez Volkswagen.
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